Bienvenu à Vaires sur Marne, en 2050.

C'est la ville natale de mon club de figurines. C’est d’un côté des millions de Non-Vivants. De l’autre côté, les Vivants. La cohabitation est difficile. Et souvent sanglant.

Si vous voulez savoir plus sur les étranges raisons qui ont amené des dizaines de milliards de zombies sur Terre, reportez-vous à la rubrique « Présentation ».

Si vous voulez rencontrer les citoyens de Zombieville, je vous invite à parcourir la rubrique « Les Vivants ». Vous y rencontrerez des Familles, qui essaient de mener leur vie quotidienne malgré tout. Des Combattants, qui agissent pour contenir le menace zombie...ou protéger les nons-vivants. Des Helpers, qui apportent des bonus pendant les scenarios.

Si vous êtes porté(e) sur la putréfaction, un tour dans la rubrique « Les Non-Vivants » devrait vous satisfaire.

Enfin, Radio Résurrection vous propose des émissions pour tous les goûts.

Entretien avec un Zombie

Ici Radio Résurrection, 101,666FM.  C'est l'heure du journal, vous apportant des informations fraîches et croquantes vingt-quatre sur vingt-quatre.

Nous ouvrons cette édition avec un reportage par notre envoyé spécial rue Henri Barbusse, Stéphane Fontaine.  Reporteur au grand coeur, Stéphane héberge un zombie depuis quelques semaines et nous livre les pensées intimes de celui-ci.

Bonjour mon ami, peux-tu te présenter pour nos auditeurs ?
Le serviteur du Dieu Rê te salue, ô Stéphane de l'Eau qui Ruisselle.  Je m'appelle Thoutmôsis, j'ai 3.580 ans, je suis marié et j'ai deux cents cinquante-trois enfants.  Avant ma mort, j'étais Pharaon de la Haute et de la Basse Egypte.

Tu te souviens de ta vie ancienne ?
Pas trop.  Comme pour la plupart des zombies, c'est occulté par le souvenir de ma mort.  Si jamais je retrouve ce salopard de Libyen qui m'a fichu son javelot dans l'oeil, je lui arracherai le scrotum.

A te regarder, on dirait que tes ennemis se sont ensuite acharnés sur ton corps !  Oh, pardon, ce n'était pas très délicat.
Eh ?  Ah, oui, ça : c'est juste la putréfaction.  Tu sais, ça fait déjà trois ans que j'attends ma comparution devant le Tribunal Céleste.  Et ne t'inquiète pas, parmi les zombies on me trouve plutôt beau gosse.  L'importance, c'est que j'ai encore toute ma tête, pas vrai ?

Oui, c'est vrai.  En tout cas, pas de doute que tu as encore tout ton cerveau.  Fais-moi penser d'ailleurs à t'offrir un chapeau pour Noël.
Tu te rappelles au moins de ce qui s'est passé après ta mort ?
Je suis né avant J.C.  Donc direct au Purgatoire pour moi.  Trois millénaires et demi de glandouille.  On a le temps de se reposer, de méditer sur l'existence.  Et j'ai eu de la chance, je suis tombé sur un Ange Gardien sympathique, il m'a apporté de quoi me distraire.  Aujourd'hui je suis un ace en tricot.

Et au moins j'ai évité le pire.  A deux rues d'ici il y a un groupe de zombies, des ex-nazi, qui ont rôti pendant un siècle en Enfer.  Ce sont de vrais tordus, j'éviterai de les croiser par une nuit de pleine lune.

A ce sujet, te sens-tu bien dans la ville de Vaires sur Marne ?
Je me suis habitué au crépitement des armes automatiques, je trouve même cela reposant.  Le bruit appelle des vagues souvenirs de mes campagnes militaires d'antan.  Tu sais, Stéphane, je n'ai pas grande chose à craindre des zombies.   Ceux qui me font peur, ce sont vos réligeux.

Ah bon, pourquoi ça ?
Qu'ils soient prêtre, mollah ou rabbin, ils sont tous convaincus que ce bordel est l'oeuvre de l'Antéchrist.  Du coup ils s'en prennent à nous.  La semaine dernière, l'un de mes amis s'est fait asperger d'eau bénite en plein jour, pas un seul passant lui a porté secours.  Ca fait un mal de chien, surtout sur une peau à vif délicate, comme la nôtre.

Ca ne fait rien pour calmer les tensions entre Vivants et Morts...
C'est sûr, certains des nôtres sont très remontés.  En témoigne le massacre de mardi dernier.  Ils ont rouvert le supermarché, d'ailleurs ?

Non, pas encore.  Semble-t-il qu'il y a un peu de difficulté à trier les bacs à viande.
En même temps, on ne peut pas en vouloir aux Vivants.  Vous êtes les grands oubliés de l'Apocalypse.  Nous, les Morts, nous avons droit à un procès équitable, même si l'attente est un peu long.  Vous, tant que vous êtes en vie, personne ne se préoccupe de vous.  Tu veux que je t'arrange ça, d'ailleurs ?

Err, non, non, c'est gentil.  Tu peux ranger cette hache.  Il faut que je pense à remonter les outils tranchants dans le grenier.
En même temps, mieux vaut que ce soit moi qui te coupe en morceaux qu'un zombie fâché.

Sérieusement, range cette hache.  Qu'est-ce que ça change que ce soit toi ou un autre?!
Ben, c'est évident, non ?  Lors de l'Apocalypse, le séjour des Morts a été déclaré insalubre et démoli.  Quand tu meurs maintenant, tu deviens un zombie direct.  Je l'ai vu pas plus tard que hier, de mes propres yeux.  C'était un suicide sur le chemin de fer à Vaires.  Les morceaux du corps se sont rassemblés devant moi.  Le corps gisait là un moment, le temps que son bras rentre de Paris, puis ses yeux se sont ouverts et il s'est levé.

Ca ne répond pas à ma question...
J'en viens.  Le problème, c'est que là aujourd'hui toute de suite, ce n'est pas le Tribunal Céleste qui te juge, c'est le "tribunal" des Zombies.  Celui-là, le suicidé, quelques jours avant il avait battu un zombie à re-mort avec une crosse de hockey.  Du coup, les potes l'attendaient.  Je n'ai pas vu la suite mais il va vivre des années difficiles...Enfin, mon vieux, c'est comme tu veux.

J'aurais pensé, vu le jugement imminent, que même les Zombies les plus tordus auraient intérêt à faire preuve de civilité.
Tu n'es pas au courant ?  C'est le grand couac de l'avant-histoire mon ami.  Le Jugement Final porte sur nos actions en tant que Vivants sur cette terre; ce que nous faisons en tant que Morts, ce sont des preuves irrecevables.  L'Archange Gabriel a beau essayé de rattraper la couille avant son décès, Lucifer a brillamment défendu la cause des zombies.

C'est une blague !
Elle est bonne en tout cas.  Paraît-il qu'il y a des saints-ni-touche à la vie irréprochable qui se jettent sous un train pour pouvoir ensuite sombrer dans la débauche la plus perverse et cruelle : avec un ticket pour Eden toujours assuré.

C'est vrai, ça ?
Eh oui, mon ami, c'est vrai.  Tu en es toujours aussi sûr, pour l'histoire de hache ?

Hmmm.  Laisse-moi quelques minutes pour parler avec ma femme, veux-tu ?

Merci chers auditeurs, restez en vie et n'oubliez pas : boire ou tirer à l'arme automatique, il faut choisir !

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